L’aube pointait à peine, et déjà le bruit de ses bottes résonnait sur les pavés humides d’Hurlevent. D’un pas las, Opachaï avançait dans les rues étroites du quartier commerçant, l’œil hagard et le visage mal rasé. Qui eut cru qu’il pouvait se lever aussi tôt, lui que l’on a plus l’habitude de croiser le soir, jusqu’à point d’heure, dans les tavernes et tripots de l’une ou l’autre des capitales de l’Alliance. Dans ces endroits qui sentent l’herbe à fumer mélangée à l’odeur de la sueur et des relents de bière. Ces endroits où on peut aussi bien croiser une blonde à forte poitrine qu’une naine aux petits seins velus. Bref, les endroits qu'il affectionne particulièrement ...
OpachaÏ quitta ce quartier pour traverser le pont qui enjambe le canal et rejoignit le quartier de la cathédrale. Un instant, il s’arrêta devant l’immense édifice, comme le contemplant pour la première fois. Le retour d’Aile-de-Mort avait laissé des traces, ici comme ailleurs dans Hurlevent, mais déjà, grâce aux travaux placés sous la gouvernance de Varian Wrym lui-même, elles s’estompaient. La place au jet d’eau, jadis pavée, avait été aménagée en parc, et malgré l’hiver, quelques petits oiseaux sautillaient d’arbre en arbre en sifflant. « Le printemps approche … » se dit-il.
OpachaÏ pensa qu’il devrait revenir voir son maitre de paladinat : « J’ai encore tant de choses à apprendre ».
L’arrêt fût de courte durée et il reprit sa route pour rejoindre le quartier nain. Ce quartier semblait en pleine activité malgré l’heure matinale. Le bruit des marteaux sur les enclumes se faisaient déjà entendre alors que le reste d’Hurlevent sortait à peine de la torpeur d’un sommeil agité par des cauchemars de fin du monde. Le cataclysme n’avait pas laissé des traces que dans les murs d’Hurlevent, mais aussi profondément, dans les esprits de ses citoyens.
Opachaï marqua un temps d’arrêt, comme hésitant à pénétrer dans l’auberge naine. A son entrée, je me levis en tendant la main pour l’accueillir. Ainsi allait débuter un long entretien …